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Biographie

 

 

 

 

Né à Pontarlier (Doubs), il est le fils d'Hippolyte Grenier, capitaine de cavalerie, membre de l'état-major de Napoléon III ayant servi dans les chasseurs d'Afrique à Mostaganem (Algérie), et de Marie Thiébaud, fille de Charles Thiébaud, notaire de Pontarlier. Son père meurt le 4 juin 1871 alors que son fils Philippe n'a que six ans. Effectuant ses études secondaires à Besançon, il obtient son baccalauréat et fréquente la faculté de médecine de Paris de 1883 à 1890, avant de s'installer à Pontarlier où il ouvre un cabinet. Cette année-là, il rend visite à son frère cadet à Blida en Algérie, ce qui marquera le début de sa révélation pour la culture musulmane de l'Empire colonial français. Choqué par la manière dont la France maintient les Algériens musulmans dans la misère et des injustices sociales de l'époque coloniale, de retour en métropole, il se met à étudier le Coran. Quatre ans plus tard, en 1894, lors d'un deuxième voyage à Blida, il se convertit à l'islam. À la suite de sa conversion, il se rend à La Mecque à 29 ans et adopte la tenue traditionnelle des musulmans algériens : gandoura portée sous un burnous. Il se fait élire conseiller municipal de sa ville et s'intéresse aux questions d'hygiène publique et d'aide aux nécessiteux grâce à son statut de médecin.

 

C'est à la suite de la mort de l'ancien député de Pontarlier (Doubs) que le docteur Grenier décide de tenter sa chance à l'élection partielle qui est organisée. Menant une campagne électorale modeste, il devient la risée de la presse qui se moque de ses « exubérances vestimentaires ». Malgré cela, et grâce à un discours convaincant, son programme social ambitieux pour l'époque lui permet de décrocher le sésame pour le Parlement au deuxième tour avec 51 % des voix et après un coup de théâtre électoral, le 20 décembre 1896. Ce jour-là, il devient le premier député musulman de l'histoire de France. Député du Doubs de 1896 à 1898, il est la curiosité de la presse de l'époque, très mal renseignée sur les us et coutumes musulmanes. La presse l'accuse tantôt de posséder un harem, tantôt de baiser le tapis de l'entrée de l'Assemblée nationale ou encore de se laver continuellement les pieds.

 

Sur le conseil de Jean Jaurès, il devient le « député des musulmans de France », il se rend souvent en Algérie pour le besoin d'enquêtes parlementaires. La plupart de ses propositions portaient sur l’amélioration du sort des sujets musulmans de la France en Algérie, mettant en garde de manière prophétique contre les risques de « troubles très graves » en Algérie si on continuait à ignorer ses propositions. À la suite de ses prises de position éthiques et de son combat pour la respectabilité de l'islam français, les électeurs de Pontarlier l’accusent d'oublier d'où il vient et qui il représente à l'Assemblée.

 

Médecin et musulman, il entend lutter contre l'alcoolisme. Mais sa proposition de loi sur la diminution du nombre des débits de boisson et la taxation des liqueurs pour financer la création d'une armée indigène sur le territoire métropolitain — sa principale priorité étant la défense nationale —, alors que la fameuse absinthe de Pontarlier[3] fait vivre tout le pays du Haut-Doubs, contribue au mécontentement de son électorat[4]. En mai 1898 il est battu à l’élection, et de nouveau en 1902. Après ce double échec, il décide de quitter la politique. Il s'éteint à Pontarlier à l'âge de 78 ans, le 25 mars 1944. Quelques mois plus tard, comme un clin d'œil du destin, c'est une unité de tirailleurs algériens qui libère Pontarlier des armées allemandes. Un collège, une rue et la mosquée de Pontarlier portent son nom.

 

Source : Wikipédia

Voir aussi : le premier député musulman de la République

 

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